Des centaines de citoyens se sont mobilisés ce samedi 26 Novembre 2016 contre la construction du projet « Eden Bay Resort » dont les travaux sont déjà en cours sur la partie Sud de la dernière plage publique de Ramlet El Baida. La manifestation faisait suite à l’approbation du permis de construction délivré par la municipalité de Beyrouth qui justifie cette décision par le fait de l’existence d’un titre de propriété privée sur cette partie de la plage qu’elle distingue de la plage publique et populaire [Al Masbah Al Chaabi] de Beyrouth, oubliant ainsi que la plage est une entité naturelle continue et indivisible, et que les lois en vigueur garantissent le droit d’accès de tous les citoyens, ex égaux. De plus, l’arrêté 144/S de 1925 précise clairement que toutes les plages de sable ainsi que « le rivage de la mer jusqu’à la limite du plus haut flot d’hiver » font partie du domaine public maritime qui ne peut être vendu ou acquis en aucun cas car il est « inaliénable et imprescriptible »[1]. C’est pourquoi la manifestation se voulait être une marche depuis le début de la plage jusqu’à sa fin, à l’entrée du chantier en question pour affirmer cette continuité naturelle et revendiquer le droit d’accès à la plage librement sans aucune contrainte, un accès qui s’est avéré aujourd’hui impossible suite au blocage illégal par des fils barbelés et blocs de béton de la rue « Julia Tohmé » [domaine public] qui longe le projet et permet l’accès à la mer du côté sud, et par un fossé d’égouts à ciel ouvert creusé dans le sable qui délimite la parcelle derrière lequel les forces de sécurité rassemblés en une sorte de mur imperméable protègent la propriété « privée » d’affrontements éventuels.

Pour les manifestants, la parcelle litigeuse fait naturellement partie du domaine public maritime puisque les photos aériennes de 1956 montrent qu’elle était immergée d’eau et que même actuellement, le flot de la mer l’atteint en hiver. D’autre part, ils considèrent que la propriété privée, si elle existe, ne signifie en aucun cas la liberté absolue d’y investir et de construire, puisque sur cette partie de la plage, les feuillets réels des parcelles en question mentionnaient que 40% de leur surface faisait partie du domaine public et il y était strictement interdit de construire. Ces mentions et interdictions ont été annulées récemment de manière illégale. Les exceptions et décrets donnés au projet ont permis ainsi l’obtention du permis quoique en l’absence de dossier final [le permis initial devant être modifié] sur la simple base d’un engagement écrit du propriétaire, et les travaux de construction ont été entamés malgré l’absence d’une étude d’impact environnemental valable, une infraction claire à la loi de l’environnement.

Les manifestants réclament ainsi l’arrêt immédiat des travaux et demandent aux instances publiques concernées d’assumer leurs responsabilités :

– La municipalité de Beyrouth et son gouverneur sont demandés de retirer le permis octroyé car il est illégal et d’ordonner l’arrêt du chantier.

– Le ministère des travaux publics devrait mettre en application ses décisions concernant les agressions à l’encontre du domaine public maritime et le vol de sable.

– Le ministère de l’intérieur et les forces de sécurité doivent obligatoirement intervenir et arrêter le chantier en application des décisions déjà émises par le ministère des travaux publics et du directeur général des transports maritimes et terrestres.

– Le conseil supérieur de l’urbanisme est tenu de refuser de donner des exceptions favorisant la construction sur toute la longueur du littoral.

 

[1] Pour plus d’informations sur le litige public-privé, lire: Ramlet el Baida: Débordement du privé sur le domaine public maritime.

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15259408_396406760750182_3046527731036501794_oPhoto: Facebook  – الشط لكل الناس